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 Fil de vie

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Eden d'Auroréa
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MessageSujet: Re: Fil de vie   Fil de vie - Page 5 EmptyDim 11 Oct - 16:25

Originellement écrit par Abigaïl Natte-d'Or.

Citation :
- Grands Esprits, j'en appelle à Votre aide en cette heure périlleuse. Faites que Votre soutien vienne une fois l'heure venue, mon insignifiante personne vous en prie humblement.

Telle fut la prière psalmodiée par Abigaïl avant d'aller affronter la Faille, et ainsi confronter le clan totémique de Valten pour restaurer l'ordre naturel du Temps. Le front contre le sol, prosternée, Abigaïl se sentit soudainement prise à la gorge, ses sens occultés, étouffés par une bourrasque soudaine, surnaturelle. Autour d'elle, un vent hurlant se mit à vrombir, vent duquel la chamane elle seule saisit le sens :

- CE N'EST PAS LA PREMIÈRE FOIS QUE TU FAIS APPEL A MOI, PETIT ÊTRE... TA DETTE S'ALOURDIT, SAIS-TU ?

Les yeux profondément fermés, dans la crainte sacrée, tremblante, elle répondit à l'Esprit :

- Je vous ferais une offrande digne de votre puissance, Ô Grand Esprit de l'Air. Je serais la main de votre volonté sur Azeroth.

L'esprit du Vent gronda un silence orageux, laissant Abigaïl le temps de prier avec ferveur. Puis donna son verdict :

- BIEN. VA EN PAIX, PARLESPRIT. Et le vent se dissipa. La naine attendit jusqu'à ce que les dernières bribes de vent se soient tues avant de se relever, et de rejoindre ses compagnons.

Le Lendemain

Abigaïl avait été frappée de plein fouet par un choc arcanique. Une brûlure magique avait roussi sa peau sur tout l'avant du corps, des genoux jusqu'au haut du front. Aidée par les bons soins de Froya, elle eut le lendemain matin assez de forces pour recourir de nouveau à sa propre magie guérisseuse.

L'eau revitalisante fuma au contact de la peau, rendue violacée et raide par la brûlure magique. Le procédé arracha un long gémissement plaintif à la Naine, qui du s'y reprendre à plusieurs fois avant d'avoir complètement aboli les symptômes, à l'exception d'une sensation piquante dans les veines qui mettrait quelques jours à partir.

Elle passa le jour suivant à quérir une offrande digne de l'aide qu'elle avait reçue. Cherchant dans les hauteurs, elle réunit un bouquet de lotus blancs, fleur rare dénuée d'intérêt alchimique, mais d'une grande beauté, et hautement associée à la symbolique de l'Air. Cela lui prit la matinée entière, profitant des rayons propices du soleil de l'aube. Elle consacra le reste de la journée à trouver des pierres de lune sur les récifs glacés, brisant pierre après pierre pour découvrir l'espéré trésor.

Au soir, à la lumière du feu, elle concassa la pierre de Lune pour en faire une poudre très fine, qu'elle délaya dans les cendres de lotus blanc avec un peu d'huile. Formant une pâte d'apparence grise claire, visiblement sans attrait, elle en enduisit soigneusement le crâne qu'elle avait prélevé la veille, jusqu'à le recouvrir intégralement, de façon homogène, si bien que le crâne sembla, à force, avait toujours arboré cette teinte d'argent terne.

Enfin, elle rejoignit les hauteurs, où le vent s'exprimait le mieux, plaça sa pierre-autel élémentaire, puis disposa le crâne peint dessus. Le vent souffla dans le ciel nocturne, dégageant les nuages pour libérer l'immense lune, qui déversa ses rayons sur le promontoire.

Le crâne s'illumina d'une lueur phosphorescente, argentée. L'artefact était à la fois ravissant et inquiétant. Abigaïl se prosterna de nouveau, prononçant ses prières en un chant diphonique, vrombissant et grave. Après plusieurs heures de ferventes prières dans le froid et le vent, Abigaïl releva la tête. Le crâne n'était plus là : l'offrande avait été acceptée.

(Attribut)
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MessageSujet: Re: Fil de vie   Fil de vie - Page 5 EmptyDim 11 Oct - 16:26

Originellement écrit par Eden d'Auroréa.

Citation :
Les rudes nuits du Norfendre ne surent troubler le sommeil du convalescent.

Le monde continuait de tourner, pourtant Eden semblait-il prisonnier hors du temps, hors de la réalité. La cicatrice qui aurait dû, d'ordinaire, couvrir son ventre, triste témoignage à jamais tatoué à même la peau de son affrontement avec Thoraval de Havregenet, n'était pas présente. A mesure qu'Abigaïl prodiguait ses soins, la résilience et la constitution quasi-inhumaine du Gardien firent disparaître la cicatrice... Ou bien est-ce sa peau qui l'absorba complètement jusqu'à n'en laisser pas la moindre trace ?

La sérénité qui règnait pourtant sur le visage d'Eden jurait avec sa situation. Un paisible sourire maculé de sang se dessinait à même ses lèvres, sans faiblir, durant ses heures comateuses.

Ce n'est que vingt-six heures plus tard que le vieux chevalier d'Auroréa s'éveilla, et que son expression tendre disparut en ce même temps ; il n'aurait jamais pu croire à sa mort, car ces quelques mots sifflants et ce rire sardonique résonnaient encore dans sa tête :

Ton heure n'est pas venue, sbire...

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MessageSujet: Re: Fil de vie   Fil de vie - Page 5 EmptyDim 11 Oct - 16:26

Originellement écrit par Daniel Varenne.

Citation :
"Un autre."

Tels étaient les mots qui venaient à l'esprit de Daniel, alors qu'il observait le corps tombé de Thoraval de Havregenet. Il s'était remis son épaule en place, et avait usé des ombres pour lentement renforcer et défaire les maux de la veille, et en l'instant était au dehors de leur tente faisant office d'abri.

Encore un homme tombé par la vocation de Marchebruine.

Au fond de lui, il savait que ce n'était là que le destin immuable de tout ceux qui portent en eux la souillure du Roi Liche. Il ouvra lentement ses lèvres, pour exhaler un soupir. De ses bras entraîné, il va soulever la profonde et lourde stature du chevalier, peinant dans la tâche et n'hésitant pas à employer ses ombres pour qu'elles l'accompagnent dans ce maniement. Aussi long cette épreuve de résilience physique durera t'elle qu'il maintiendra le corps contre lui, de manière à pouvoir retourner à la base du glacier. Là, il s'approche de la faille de glace séparée, trou formé par Thoraval lorsqu'il a quitté son tombeau. Une faille dans laquelle il va, une fois de plus, installer le chevalier. Bientôt, c'est à l'aide d'une Antarès dégainée qu'il ira frapper la glace à quelques endroits stratégiques plus haut, pour fragiliser la structure et les ensevelir à nouveau ensemble, et cette fois-ci, éternellement.

La tâche accomplie, le maître de Marchebruine dépose sa paume contre la glace, et prononce un adieu simple à l'attention de ce chevalier, renforçant une dernière fois sa résolution, et la promesse qu'il lui aura fait ici même, en face de ce glacier.

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MessageSujet: Re: Fil de vie   Fil de vie - Page 5 EmptyDim 11 Oct - 16:26

Originellement écrit par Eden d'Auroréa.

Citation :
L'aube pointait déjà à l'horizon.

Le flanc de montagne où demeuraient les compagnons de Marchebruine offrait une vue imprenable sur l'ouest, tandis que la Dame Blanche et l'Enfant Bleue cèdaient, timidement, leurs places aux aurores chaleureuses du soleil matinal. Les cieux couvrant Dun Morogh et la Grande Mer se teignirent d'un rose semblable à la soie travaillée, alors que les rayons de l'astre embrassaient avec tendresse les monts et cols du domaine des Barbe-de-Bronze.
Loin du climat du Norfendre, cependant, la région baignait dans le froid montagnard qui ne connait guère les saisons. Une brise de front de mer au souffle froid et doux-amer, caressait avec une tendresse presque maternelle la vallée recouverte de neige, dont les flocons dansants se levaient au gré des caprices d'Éole, peignant un magnifique tableau de ce lieu, de cette région, d'ordinaire plus austère.

Inconnu aux bras de Morphée, et ce malgré la présence de la sentinelle d'Elias, le Gardien demeurait assis sur un tabouret abandonné depuis plusieurs jours par les aviateurs gnomes. Fait de bois, et humidifié par les tombées de poudreuse et l'humidité omni-présente dûe au froid mordant, il demeurait fort face aux caprices du climat, tout comme celui qui s'y était installé.

Marchebruine avait connu des jours tumultueux, ces temps-ci. Le repos était de courte durée - à peine rentrés au Refuge où ils purent célébrer l'anniversaire du lien qui les unit, durent-ils se remettre en route pour ces monts enneigés qui dominent les Royaumes de l'Est, aux côtés du Pic Rochenoire. Comme beaucoup d'autres, Eden demeurait fort face à l'adversité et la rigidité de la vie que tous menaient ; assis sur son tabouret, il jouissait, à sa manière, d'un repos bien mérité après cette nuit de marche. Repos qu'il trouva dans la tranquilité de l'aube, dans le silence religieux seulement interrompu par la voix du vent s'immiscant entre les cols, et le bruit de la pierre à aiguiser qu'il roulait avec une grande précision sur l'acier vieilli de son épée.

Les fibres de l'arme se disloquaient à chaque passage : "Il ne lui reste plus beaucoup de temps." disait-il pour lui-même en admirant le triste état de son arme.

Une quinte de toux lui prit, tâchant son gantelet droit d'un sang malvenu. Seul face à la mer, au vent et à l'aube, il se gorgea jusqu'à plus soif de cette vision de tranquilité qui n'était rien de plus que le calme avant la tempête.

C'était un magnifique tableau de cette région, de lui, d'ordinaire plus austère.

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MessageSujet: Re: Fil de vie   Fil de vie - Page 5 EmptyDim 11 Oct - 16:27

Originellement écrit par Abigaïl Natte-d'Or.

Citation :
Il fallut à Abigaïl un long moment pour restaurer ses forces.

Sa peau, arborant d'ordinaire un hâle solaire prononcé, était maintenant roussie à plusieurs endroits, comme si d'impitoyables mains de braises l'avaient entravée et brutalisée. La naine avait contracté envers les Flammes une lourde dette, en Norfendre, mais sa récente vie d'aventures et de dangers, ainsi que sa mystérieuse escapade dans les Pics aux côtés de Halfjar lui avaient fait occulter tout ceci.

Or, on ne flouait pas les esprits impunément. Le Feu, a forciori, était un allié aussi prompt et puissant que dangereux, dépourvu aussi bien d'indulgence que de patience. Malgré ses suppliques et ses promesses, adressées aux Esprits dans leur langue ardente, Abigaïl n'avait pas su s'affranchir de leur courroux.

A la relative clarté des étoiles, la naine observa ses blessures. Les crocs de feu auraient du la dévorer entièrement, la consumer vivante comme une torche, mais la bénédiction des êtres de la cascade, auxquels la chamane avait fait offrande plus tôt, la sauvèrent de la mort, transformant la sentence fatale en un simple avertissement.

Suffisamment remise pour s'occuper elle-même de ses soins, elle opéra ainsi, dans le froid de la nuit, pansant ses brûlures, une fois assainies, par un baume de sa fabrication. Une fois son office terminé, Abigaïl, assise au milieu du campement sur une simple pierre, porta ses yeux et ses sens autour d'elle. Elle se berça de l'harmonie environnante, du calme et ténébreux roulis de la rivière souterraine, loin en dessous d'eux, de la respiration latente, grondante, de la montagne, survolée par le chant céleste des vents, tantôt vrombissant, tantôt sifflant à travers les branches des arbres.

De petits esprits, étincelles curieuses, s'approchaient dans un monde que seule la chamane pouvait voir, considérant la sentinelle d'Elias avec circonspection, dansant autour de sa forme physique sans la faire réagir. Apaisée, la naine se décida à aller se coucher après s'être surprise pour la quatrième fois à piquer du nez. Il fallait guérir, rapidement, car son cœur l'avertissait : une adversité plus sombre encore l'attendait. Halfjar avait besoin d'aide.

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MessageSujet: Re: Fil de vie   Fil de vie - Page 5 EmptyDim 11 Oct - 16:27

Originellement écrit par Kriss.

Citation :
C'est en fin de journée qu'un bruit familier se fit entendre sur le refuge. Plusieurs heures après le retour des autres Marchebruines, le bruit du moteur du gyrocoptère de Kriss couvrit la quiétude qui régnait sur le domaine.
Elle posa avec fracas l'engin à l'endroit habituel, sans doute de quoi faire sortir les têtes des fenêtres pour les curieux, qui auront pu voir une machine fumante dont le blindage comportait de nombreux impacts de balles ou de flèches, d'où on pouvait à certains endroit deviner des fuites de divers fluides servant à la faire fonctionner.

C'est une Kriss apparemment intacte mais aux yeux rougis qui fila sans demander son reste dans sa chambre et sans parler à personne, laissant son engin tel quel après en avoir coupé les moteurs, pour s'y enfermer avec une poignée de provisions et diverses bouteilles pillées dans la cuisine.
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MessageSujet: Re: Fil de vie   Fil de vie - Page 5 EmptyDim 11 Oct - 16:27

Originellement écrit par Clémence.

Citation :
Village de Kern,
Au début de l'été de l'an 40.

Contrairement à ce que les croyances populaires du Cap pouvaient laisser deviner, « Clémence » avait toujours préféré l’aurore au crépuscule. Elle voyait les premiers rayons du jour comme un pied-de-nez adressé à ses propres fantômes : « je suis toujours là. »

Du reste, les odeurs étaient bien plus gourmandes au petit matin : les fragrances profondes et entêtantes du café noir, ce sillage délicieux que n’arrêtait aucune muraille. Et que dire des volutes parfumées que dégageait l’intérieur aéré d’un plateau de croissants chauds? Tout cela avait de quoi exciter ses papilles, trop peu sollicitées ces derniers temps.

C’est à plein poumons que la blonde humait tout ceci, regardant naître l’activité habituelle d’un bourg montagnard. Elle avait, tout juste une heure auparavant, accepté de céder quelques heures de sommeil à un Dean Rochefort qui n’était, à l’instar de ses propres compagnons de route improvisés, plus d’une toute première fraîcheur. Et voilà qu’elle se retrouvait là, assise sur la courte volée de marches de la caserne locale, à devoir attendre que tous engrangent un minimum d’énergie avant de poursuivre leurs investigations. Oh, ce n’était pas la solitude qui lui pesait, au contraire. Mais l’inactivité était une notion avec laquelle elle ne se sentait guère familière, trouvant toujours de quoi occuper ses mains ou ses méninges. Cette fois, cependant, « Clémence » envia le commun des mortels, jalousant ceux qui percevaient encore l’appel du repos. Elle aurait donné beaucoup pour quelques instants de paix de l’esprit.

Au lieu de cela, la jeune femme pensait à Sand. « C’était lui ou nous » dans un haussement d’épaule. Était-elle censée se satisfaire de ça? Toutes ces années à garantir la sécurité des membres de sa grande et dysfonctionnelle famille lui avaient appris une chose, qu’elle martelait régulièrement aux hommes qu’elle dirigeait : le caractère évitable d’une perte la rend inacceptable. Oh, comprenez-la bien, si elle le trouvait encore, ce décès -aussi tragique fut-il- n’aurait en rien influé sur la qualité de son sommeil car « Clémence » se fichait de ce gamin qu'elle ne connaissait pas. Mais sa propre faillibilité la contrariait. Si elle avait mieux appréhendé la situation, elle aurait pu s’arranger pour capturer le nécromancien plutôt que de l’abattre, ou tout du moins le maîtriser suffisamment longtemps pour que son masque lui soit arraché. Ses compagnons et elle auraient alors pu ramener une brebis perdue de plus auprès du troupeau. Si elle avait...

Un drôle de sifflement, faible et irrégulier, la tira heureusement de ses morbides considérations et la femme leva le menton pour regarder le profil d’une fillette aussi blonde qu’elle-même pouvait l’être. Un petit chapeau de paille trônait fièrement sur sa chevelure dorée et elle s’efforçait, d’une main, de le maintenir vissé sur sa tête malgré les malices du vent matinal.Une œillade plus appuyée suffit à faire deviner à « Clémence » ce dont il s’agissait. Elle sauta donc sur l’occasion de tenir éloignées pour quelques minutes encore, les pérégrinations troubles d’un esprit qui se voulait fautif.

- Sais-tu pourquoi les oiseaux chantent lorsque point le jour? demanda-t-elle.
-  ...parce qu’ils sont heureux de le voir se lever?

L’aventurière-malgré-elle se redressa pour finalement tout à fait se lever. Ralliant d’une ou deux enjambées la position de la fillette, elle finit par s’accroupir à ses côtés et lui pointer du doigt les branches d’où s’élevaient successivement les joyeux pépiements dont il était question.

- C’est en partie vrai. Les nuits peuvent être rudes pour ces petits emplumés et je ne serais pas étonnée qu’il y ait plus d’un rapace nocturne dans ces montagnes.

La fillette écoutait, intéressée.

- En fait, poursuivit « Clémence », ils s’appellent et se répondent les uns les autres, c’est comme s’ils se disaient : « Coucou! Je suis encore là! ». Ainsi ils savent que tous vont bien et que la nuit n’en a emporté aucun.
- Oh, je vois! Je l’ignorais! Vous croyez que je devrais chanter, moi aussi, au réveil? Comme ça, maman serait rassurée avant même de me voir!
- Hun? ...tu peux essayer. Moi ça me gonflerait très vite, mais ta mère a sans doute plus de patience.


La conversation s’interrompit d’ailleurs sous l’impulsion de cette dernière qui, inquiète de voir sa tendre progéniture échanger avec une étrangère, se hâta de venir la récupérer. Tandis qu’elles s’éloignaient, la fillette adressa, par-dessus son épaule, un geste de la main à la femme toujours accroupie.

Ce matin-là, les oiseaux chantèrent longtemps.
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MessageSujet: Re: Fil de vie   Fil de vie - Page 5 EmptyDim 11 Oct - 16:28

Originellement écrit par Clémence.

Citation :

Refuge des Embruns,
Été de l'an 40.


Il aurait été idiot de prétendre que la ferme opposition de Daniel Varenne ne fut pas envisagée. Qu'est-ce qui, de toute manière, le pousserait à accepter telle transaction? "Clémence" elle-même, à sa place, aurait formulé le même refus. Mais le caractère dangereux de ses récentes activités ne faisait qu'ajouter un peu plus de poids sur ses épaules.

"J'ai été imprudente..." songea-t-elle, capturant l'une des mains inertes de Cain entre ses propres paumes tièdes. Remarquant du coin de l’œil qu'on l'observait d'une manière similaire, l'aventurière guida cette main jusqu'à ses lèvres, poussant même le vice jusqu'à clore les paupières le temps que dura ce baiser, teinté, il faut l'avouer, d'une certaine forme de tendresse. La Stratège se doutait que cette personne qui s'occupait des soins, par pudeur, s'en retournerait à ses affaires. La blonde s'attendait, après pareille demande, à faire l'objet d'une surveillance ne serait-ce que minime. Aussi s'assurait-elle, par l'attention qu'elle accordait au blessé, qu'on dresse d'elle le portrait d'une femme capable d'empathie, peut-être même d'amour et non pas celui d'un automate, amputé de sentiments. Après tout, qui ici, irait deviner que Cain Bishop ne représentait rien de plus aux yeux de "Clémence" qu'un bel outil qu'il lui fallait encore apprendre à manier?

"Je..." fit-elle enfin, après une heure de silence absolu, "...j'aimerais pouvoir me laver et me changer."

Et on accéda à sa requête de bonne grâce : un baquet avec "fond de bain" lui fut rempli sans difficulté, d'autant plus qu'elle ne réclama que de l'eau froide, et des vêtements loin de ceux qu'elle portait habituellement, mais ayant le mérite d'être propres, lui furent prêtés. Son entourage lui attribuait souvent des goûts sophistiqués en matière de produits cosmétiques, le tiroir de la vieille coiffeuse qui décorait sa chambre était d'ailleurs rempli de flacons jetés en vrac, tous pleins de fragrances compliquées. S'ils savaient. L'odeur favorite de "Clémence" n'était autre que celle du savon brut.  D'ailleurs, aucun homme ne l'attirait davantage que ceux dont les mèches étaient encore humides d'un bain récent.

Tandis qu'elle prenait le temps d'ôter la terre et le sang mêlés de sous ses ongles, elle repensa à Cain, sortant de l'eau lors de leur escapade nocturne à Strangleronce. Le "roux-blard" ignorait probablement combien il donnait l'impression de sortir tout droit de l'un des romans de son illustre paternel. En s'essuyant, la jeune femme supposa qu'il serait peut-être mécontent d'une telle comparaison et se jura de la lui soumettre bientôt.

Une fois propre, "Clémence" déambula un peu dans le domaine, flânant partout où l'accès ne lui était pas restreint. Elle s'intéressa vaguement aux travaux qu'il restait à achever et suivi tout naturellement l'instinct qui la poussait à l'extérieur des murs de pierre de l'abbaye réhabilitée, allant jusqu'à s'enfoncer un peu dans les bois qui bordaient le Refuge.

Et c'est là, dans un bosquet ombragé, et après s'être assurée d'être bien seule, qu'elle s'agenouilla : le postérieur sur ses talons, les pieds hissés sur leurs orteils, elle creusa le dos et redressa les épaules, plaçant ses mains -paumes ouvertes- sur ses genoux. La Stratège prit une fois encore le temps de vérifier son complet isolement avant de fermer les yeux et de commencer à méditer. Elle passa ainsi une heure paisible, rechargeant suffisamment ses batteries pour s'épargner l'utilisation de sa dernière potion de vigueur. Elle passa ainsi une heure paisible, hors du temps et de ce corps dans lequel elle se sentait enfermée. Durant une soixantaine de minutes, Belle ne fut plus "Clémence".
Elle ne fut d'ailleurs plus Belle non plus.
Elle ne fut que libre...et bien.
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MessageSujet: Re: Fil de vie   Fil de vie - Page 5 EmptyDim 11 Oct - 16:28

Originellement écrit par Eden d'Auroréa.

Citation :
Le retour au sein de l'enclave naturelle du Refuge, délimitée par ses modestes remparts dépourvus de grille ou de porte, était pour le moins bienvenu. Si le chevalier d'Auroréa demeurait infatigable, sa philosophie l'encourageait cependant à trouver l'équilibre entre le champ de bataille et son chez-lui. « Nulle guerre n'est gagnée par un seul homme. » lui répétait souvent l'un de ses vieux camarades, aussi ironique cela pouvait-il être.

Pouvant jouir d'un rythme plus dilué, quand bien même celui-ci devait contribuer à la vie de la communauté, Eden rejoint les champs des Embruns, là où vivait le petit groupe d'adolescents autrefois sauvés par Daniel et ses anciens pairs qu'il n'eût, pour la plupart, jamais l'occasion de rencontrer. Du fait de la saison déjà bien avancée, les plantations de blé et de patates se dressaient déjà suffisamment haut dans la clairière ; leurs feuilles, longues et humidifiés par l'attention toute particulière des jeunes fermiers, étaient le témoignage d'un sérieux que l'on aurait, jadis, jamais pu soupçonner au sein de ces enfants bien trop vite projetés dans le monde des adultes. En s'extirpant de l'orée, rejoignant les champs qui s'étendaient par-delà la douce rivière du Refuge, l'on entendait seulement plus que le bourdonnement permanent des mouches et hannetons qui se faisaient un festin des pousses - lorsque les adolescents ne menaient pas croisade contre eux, cela dit.

Nul ne saurait témoigner de l'échange qui se déroula entre le vieux chevalier et les jeunes âmes. Il ne fut que très bref, et l'on put seulement apercevoir ces enthousiastes combattants en devenir se précipiter pour récupérer leurs armes d'entraînement de prédilection. Épées, lances, ou haches factices, ils revinrent leurs mains circonvenant les hampes et fusées de leurs armes, presques trépignants de montrer au sexagénaire ce qu'ils avaient appris durant son absence, pour ne voir leur espoir de victoire n'être que balayé comme poussière au vent alors qu'ils se retrouvèrent désarmés plus vite que de raison dans l'escarmouche qui suivit.

La journée continua son cours avec une sérénité si utopique que le Refuge paraîtrait presque comme un endroit hors du temps et de l'espace. Quand bien même la paix toute relative fut signée entre les factions, Azeroth regorgeait encore de dangers qui n'attendaient que leur heure pour toquer aux paliers des héros, mais les Embruns se dérobaient presque à cette fatalité par le tableau que l'on dressait de cette journée. Le souffle tendre du vent dans la frondaison ; les rayons du soleil filtrant à travers les branchages et beignant l'herbe nourrie de l'enclave de leur douce caresse ; tous surveillèrent le vétéran tandis qu'il instruisait aux jeunes de vieilles techniques qui, pour les connaisseurs, sont originaires des enseignements qui se passaient du temps de la première guerre.

Enfin, la soirée, et la nuit, vinrent. Comme à l'accoutumée, Eden se retirait en soirée pour rejoindre la cascade qui bordait le Monument aux Morts du Refuge. Ici était placé un vieux drap sur l'herbe, humidifié par la plongée perpétuelle de l'eau dans la rivière en contrebas.
L'été était là, et il avait ramené avec lui le beau temps, les journées étouffantes sous le labeur, et les nuits rédemptrices porteuses d'un vent de tendresse et de sérénité. Il avait ramené avec lui des souvenirs de son enrôlement, il y a désormais un an de cela, et des premiers temps où il put fouler cette forêt, méditer près de cette rivière, et se reconnecter avec la civilisation.
Il avait ramené avec lui les réminiscences de soirée passées entre confrères - aventuriers ou chevaliers - et des sacrifices de ces derniers, des tragédies qui touchèrent certains.

Mais l'été n'avait rien ramené au sein du chevalier ; pas d'émoi, pas de tristesse ; pas de sérénité qui existe déjà, perpétuellement, en son coeur.
Seulement la promesse que ces jours de calme viendraient bientôt à leur terme.
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MessageSujet: Re: Fil de vie   Fil de vie - Page 5 EmptyDim 11 Oct - 16:28

Originellement écrit par Clémence.

Citation :

Refuge des Embruns,
Été de l'an 40.


Le silence nocturne du domaine, outre les différents bruitages des animaux qui le peuplaient, fut l'espace d'une bonne heure et demie entrecoupé de chocs sourds,  dans un rythme d'abord si précis qu'il aura pu tout à fait pu aider certains habitants du Refuge à trouver le sommeil avant que la fréquence des coups ne se fasse plus aléatoire, comme si la personne à l'origine de ces bruits se fatiguait au fur et à mesure qu'elle les faisait naître.

"Je n'ai rien à me reprocher, rien du tout. J'ai la chance de pouvoir me retourner sans honte ni regrets sur chacun de mes actes passés. Qui, ici, peut en dire autant?"

Belle, dont les paumes furent rapidement marquées de quelques cloques discrètes, abaissa la hache qu'elle tenait à deux mains avant même de fendre sa dernière bûche, disposée comme il se devait sur une souche. À proximité, un tas de bois fraîchement coupé s'alignait de façon plus ou moins ordonnée. Si la tâche avait eu l'avantage de lui vider un peu l'esprit tandis qu'elle l'accomplissait, elle eut surtout pour effet de l'épuiser plus encore qu'elle n'était déjà, et ce fut en titubant que la blonde se résolut à rejoindre, pour la première fois depuis leur retour, la tente qu'on lui avait aimablement attribuée.

"Non, je n'ai pas de fantôme à combattre, encore moins à fuir..."

Et ce fut couchée sur le dos, les bras croisés sous sa nuque, et dans l'intimité somme toute relative de cette toile de tente qui laissa très vite filtrer les premières lumières du jour, que Belle n'eut d'autre choix que celui de l'évidence : elle était ce fantôme.
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MessageSujet: Re: Fil de vie   Fil de vie - Page 5 EmptyDim 11 Oct - 16:29

Originellement écrit par Eden d'Auroréa.

Citation :
« Quel endroit. » se trouvait-il à commenter dans le silence de la nuit, dans la contemplation de la cime des arbres dont les branches et la frondaison se faisaient moins épais à l'intérieur de la clairière d'Amuneth.

Eden ne s'éloignait guère plus que le nécessaire pour satisfaire sa curiosité exploratrice, tâchant de maintenir une distance respectable entre lui et les morts de la Cabale. Comme il l'avait souligné, alors, les morts-vivants ne portaient pas une place importante dans son coeur. Cependant, deux heures après leur arrivée chez les cabalistes, l'on aura surpris le chevalier attirer l'attention de l'archer squelette Emile Kraal.

Fort heureusement, l'archer, malgré leur passif commun, offrit gracieusement au vieil homme une audience, durant laquelle Eden invita son vis-à-vis à s'asseoir avec lui. Ainsi, doucement, il posa un genou, puis l'autre, à terre, les pieds mis à plat sur leur dos, et les talons servant de soutien à son postérieur, faisant face au mort-vivant.

« Malgré tout ce que j'ai pu dire, commença-t-il en inclinant respectueusement le chef, les mains placées sur ses cuisses enarmurées, sachez que j'apprécie le rôle que vous allez jouer, quand bien même nous demeurons, chacun, en désaccord sur un point fondamental.

- Vous en faites pas. répondit l'archer avec une nonchalance presque surréaliste compte tenu de sa condition, Vous êtes pas le premier, et vous serez pas le dernier. Mais merci. »

Une pause s'en suivit où l'on put profiter du calme ambiant de la forêt mystique. Malgré la présence quasi-totale de la Mort en ces lieux, la vie en emplissait les recoins ; animaux, plantes, chants et floraisons dansaient parmi les ténèbres comme un couple d'opposés dans une fascinante valse.

« Si je puis me permettre, pourquoi ces réactions ? questionna Kraal - et s'il n'avait pas été un squelette, sans doute aurait-il relevé une arcade en cet instant.

- Vous imaginez bien que les Humains réagiront de manière virulente face aux non-morts. Plusieurs de nos royaumes ont été sauvagement saccagés, et des innocents massacrés, par leurs mains. Ils inspirent naturellement la crainte.

- Pourtant, vous êtes ici, en face, à me parler. Vous vous êtes même excusés. Quelqu'un qui éprouve de la haine ou de la peur ne ferait pas ça. renchérit-il aux propos du chevalier d'Auroréa, lequel marqua une pause durant laquelle il soupira en lâchant un regard lointain à ses camarades se reposant à l'ombre d'un grand arbre.

- Je n'ai pas peur de vous, ni ne vous hait. souligna Eden en réajustant sa posture de quelques roulades d'épaule. La mort a un caractère sacré, pour moi. Voir ainsi des choses arrachées à leur tombe me déplaît, et je considère qu'il en est de leur propre responsabilité que d'équilibrer à nouveau la balance. Il marque ainsi une autre pause, durant laquelle il scruta, de ses yeux d'albâtre, au plus profond des orbites creuses de son compagnon.

- C'est ce que nous faisons, vous savez. Faut bien que quelqu'un s'y colle. J'avais pas envie d'être comme ça non plus, mais les choses sont ce qu'elles sont, donc autant se rendre utile comme on peut.

- Et c'est ici que nous tomberons à jamais en désaccord. Je n'ai que du respect à offrir pour ceux qui sont passés de l'Autre Côté, car il s'agit là de l'opportunité de se débarrasser de nos chaînes. C'est le point de non-retour qui indique que nous avons accompli notre rôle. Il s'inclina respectueusement avant de se redresser, lentement, sur ses deux jambes, considérant une ultime fois Kraal, en lui offrant un faible sourire. Mon voyage me mène exactement au même endroit que vous, sachez-le. Nous nous reverrons lorsque la bataille s'annoncera. »

Enfin, le Gardien regagna-t-il le petit campement de fortune de Marchebruine, bordé par leurs chevaux. Et il put passer les quelques heures qui le séparaient de la guerre avec une sérénité peu commune.
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MessageSujet: Re: Fil de vie   Fil de vie - Page 5 EmptyDim 11 Oct - 16:29

Originellement écrit par Clémence.

Citation :

Clairière d'Amuneth,
Été de l'an 40.


Les tensions apparues dans le groupe avaient l'avantage de lui permettre de profiter de quelques heures d'une solitude qui ne lui faisait, depuis le commencement de cette histoire, que trop défaut. Belle, qui s'était brièvement entretenue avec Émile Kraal, puis plus longuement avec le Chevalier d'Auroréa, avait fini par s'éloigner de ses compagnons jusqu'à s'établir dans un coin paisible de la clairière, bordé de buissons fleuris s'articulant eux-même autour du tronc large d'un frêne.

"Tu n'as jamais si mal porté ton nom, ma grande..." fit-elle à haute voix, après s'être machinalement touché le visage. La pulpe de son index avait aussitôt rencontré le relief disgracieux des brûlures qui l'avaient défigurée. Ses doigts s'agacèrent un moment sur les attaches de sa cuirasse et finirent par la défaire. "Merde." jura-t-elle en constatant les dégâts causés par l'araignée géante qui l'avait transpercée. Les coutures, à l'endroit précis où s'était enfoncée la patte tranchante, étaient éventrées et le cuir en lui-même, ravagé.

Mue par un rare élan de pudeur, la Stratège prit tout de même la peine de se retourner avant d'ôter son maillot de corps, puis son étroite brassière en lin. Elle entreprit ensuite de méthodiquement passer quelques épaisseurs de bandages autour de son buste nu, juste sous sa poitrine, afin de recouvrir cette vilaine plaie qui la faisait encore geindre. Oh, elle n'en était bien sûr pas à sa première blessure mais une telle régularité devenait presque inquiétante. Décidément, la vie de héros n'était pas faite pour elle.

Alors qu'elle baissait les yeux vers son pourpoint déchiré gisant au sol, tout en remettant sa brassière, une image autrement plus désagréable se superposa à la pièce de cuir : un soldat aux cheveux de feu était étendu par terre, à ses pieds. Quelque chose n'allait pas avec son visage : il était bien trop rigide, trop sérieux. Belle, qui ne l'avait brièvement connu que le sourire aux lèvres, trouvait inconcevable que...

Sa lèvre inférieure trembla.
Romain était mort. Qui plus est par sa faute.

Tandis que la funeste image se dissipait, la jeune femme recula jusqu'à ce que son dos se heurte au tronc d'arbre. Elle se laissa glisser contre l'écorce, la mine lugubre. Elle ne parvenait pas à mettre de mots sur ce qu'elle ressentait. De la culpabilité? Sans aucun doute. Quelque chose de plus profond que ça, aussi.

La beauté des fleurs qui s'épanouissaient sur les buissons alentours la frappa et elle avança les épaules, tendant le bras jusqu'à les atteindre. C'est ainsi que, patiemment, Belle entreprit de tresser une couronne de fleurs directement sur le buisson, prenant soin de ne pas les arracher mais les manipulant, les pliant  et les associant avec mille précautions. Personne d'autre qu'elle n'aurait probablement connaissance de son existence, ni même de la portée de son symbole, mais la Stratège eut l'impression d'avoir bien fait. Elle le lui devait.

D'une impulsion en arrière, elle revint coller son dos au tronc du frêne, et c'est miraculeusement assoupie, les bras croisés et les jambes étendues, qu'on aura pu la trouver à l'approche du conseil de guerre.
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MessageSujet: Re: Fil de vie   Fil de vie - Page 5 EmptyDim 11 Oct - 16:29

Originellement écrit par Clémence.

Citation :

Refuge des Embruns,
An 40.


C'est en plein après-midi que Clémence aura quitté le refuge, sans un mot ni un regard en arrière, et surtout pas pour ceux avec qui elle avait bourlingué ces derniers jours. Avec un Cain Bishop encore hagard à ses côtés, la Stratège s'en était allée vers de nouvelles aventures, refermant ainsi, dans le grand livre de sa vie, le chapitre Marchebruine.

Daniel Varenne aura reçu, dans la semaine qui suivit, l'avance de 5 pièces d'or qu'elle avait promis pour l'installation professionnelle des Chemin, accompagné d'un pli plus que concis dans lequel elle réitérait son engagement à verser 2 pièces d'or supplémentaires par mois tant que durerait sa collaboration personnelle avec les talentueux alchimistes, dont elle attendait des nouvelles.
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MessageSujet: Re: Fil de vie   Fil de vie - Page 5 EmptyDim 11 Oct - 16:30

Originellement écrit par Jahil.

Citation :

La bougie parfumée diffusait une odeur de rose dans la petite pièce. Sans doute qualifié d'achat inutile par Elter, elle ne la sortait qu'en son
absence, quand il partait chassé on-ne-sait-où. La soirée était parfaite, un verre de rhum, une bougie et son ouvrage qui prenait forme. Jahil avait un plan pour renflouer les caisses de son ménage, se relancer dans les affaires sur son temps libre. Sa première pièce était une robe échancrée qui reposait sur un mannequin fait maison, avec quelques sacs de graines.

On heurta la porte, qui s'ouvrit sur une Jahil aux cheveux tressés, avec cet air des mégères que l'on dérange. Ce n'était pas une heure pour déranger les honnêtes gens. Un sourcil haussé, elle écouta la requête.
"C'est quoi ça ? C'est une blague ? J'suis votre boniche ?"
La colère de Jahil éclata jusqu'aux oreilles des chambres voisines. Elle s'exécuta quand même, de mauvaise grâce d'abord, trainant son air mal embouché jusqu'à la cuisine.

Là, penchée sur une marmite, elle débuta son second ouvrage. Celui-là ne pris qu'une bonne heure à réaliser. Une soupe épaisse, avec un bouillon de poulet maison. Bientôt, les effluves du repas tardif parvinrent aux hommes et femme qui discutaient. La borgne vint porter la marmite encore crépitante près du feu, avec quelques écuelles en bois.

"Bon appétit !"

Envolée la mauvaise humeur, un sourire fier barrait le visage balafré de Jahil, elle ne s'attarda guère. Elle avait une robe à terminer.
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MessageSujet: Re: Fil de vie   Fil de vie - Page 5 EmptyDim 11 Oct - 16:30

Originellement écrit par Hodierna Darran.

Citation :
« Un autre village dévasté » fut la première pensée de la sorcière, cette fois-là. La magie du sang, dans son savoir le plus théorique, ne lui était pas inconnu, et l’une des premières hypothèses évoquées, la concernant, fut celle d’un lien avec ceci, auprès de son groupe, lors des investigations.

Son visage se tordit en une moue pincée par la réflexion, comme elle le faisait souvent lorsque la mage se retirait dans ses songes, happée par quelques cogitations. Durant ces moments-là, elle n’écoutait même plus autour d’elle, et mit un temps à se rendre compte qu’un second groupe, inconnu à ses yeux, discutait avec ses compagnons.

D’ailleurs, les concernant, elle ne s’y intéressa pas. Les cadavres gisant en un tas informe, un peu plus à côté, l’attendait. Elle s’en approcha donc, s’attachant à la demande émise par le Maître de Marchebruine, avec l’aide de Jahil et de Kriss.

La brune s’affaira à rendre quelques hommages solennels aux divers corps s’amassant sous son regard perlé, car s’ils devaient tous être brûlés, il n’était, pourtant, pas question que l’on s’amuse à le faire indifféremment. Elle veilla, tout autant, à ce que l’intégrité des défunts soit respecté, ne tolérant aucun pillage sous son nez. Le respect était une chose due en tout temps, que l’on respire ou non.

Une fois fait, elle laissa son don embraser le tas, reculant de quelques pas et se couvrant le nez et la bouche d’un mouchoir de tissu. Elle resta là à veiller quelques instants, avant que le feu arcanique fasse son effet et se dissipe de lui-même, ne laissant rien là où se tenait, auparavant, le charnier.

Hodierna lâcha un soupir à fendre l’âme avant de se détourner et de retourner auprès de ceux qui montaient le campement. Elle n’adressa ni mot ni regard à ceux venant d’Auroréa, et n’en fit pas plus avec les Marchebruine. Elle se retira, simplement, une fois son bivouac prêt, s’isolant en quête d’une tranquillité certaine, prenant pour seule compagnie son éternelle oiseau de malheur. Ceci n'avait rien d'étonnant, qui plus est. La sorcière ne s'épanchait jamais en grand discours.
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