[Willen Sharp] Attrape-ça et bats-toi

Messages : 88 Date d'inscription : 11/10/2020

Citation :: Son épée, Fierté. Elle lui avait glissé de ses mains d'ordinaire si fermes. On lui avait ôté des mains comme l'on enlève un jouet à un enfant turbulent et il n'avait rien su faire pour l'empêcher. Il le leur avait presque donné, car, dans la confusion et le chaos qui régnaient dans son esprit, l'horreur se mélangeait au désir de partager à leur ignoble orgie. Il s'était retrouvé nu et délirant dans l'amas de corps transpirants, son intégrité d'homme agressée par des langues, des lèvres et des mains caressantes qui faisaient comme des coups de poignard dans son être.

Attrappe-ça et bat toi ! Disait une voix, trop faible, dans sa tête, alors qu'il voyait Fierté s'éloigner dans la marée humaine. Mais l'horreur et la folie qui régnaient dans son âme l'éloignèrent de l'épée, de ses compagnons, de la réalité, quand une dame l’agrippa par les cheveux pour l'attirer à des dévotions auxquelles il ne voulait pas sacrifier. Mais un désir qui n'était pas le sien accapara son esprit, et ç'aurait été pour de bon si on ne l'avait pas tiré de là manu militari.

Quand, souillé par ce cauchemar réel, il se réveilla, il aurait pu se briser pour toujours sans le soutien de ses compagnons... et celui de Leytha. Mais ceci est une histoire qui n'appartient qu'à eux. Néanmoins, une blessure sournoise était restée ouverte en son esprit : lui qui avait été soldat, lui qui avait juré par l'épée comme un Chevalier, lui avait vécu par l'épée toute sa vie, l'abandonner aussi facilement avait gravé pour toujours une singulière cicatrice dans son esprit.

En effet, toucher la moindre épée le rappelait irrémédiablement à son échec, à sa faillibilité, d'une façon violente et cruelle : ses traits se déformaient de dégoût, un dégoût pour sa misérable faiblesse de volonté, qui avait préféré refuser d'écouter la voix d'acier de son esprit, au profit des plaisirs répugnants de l'orgie imposés par la folie. Les tremblements qui s'en suivaient, s'il ne les dominait pas, lui faisaient lâcher son épée ; de toute façon il avait perdu tout son instinct pour cette arme. Il lui fallait en changer.

"Attrape ça et bat toi." lança Valten en même temps que l'arme. C'était la troisième fois que le colosse le projetai à terre. "Encore" dit-il quand Willen rattrapa à nouveau sa bardiche. Et ils s'élancèrent dans une nouvelle passe brutale, en sueurs. Il avait trouvé au premier abord l'arme dénuée de la subtilité de l'épée, l'associant machinalement aux orcs qu'il avait combattu. Mais, au fil des entraînements, Valten avait signalé que cette arme lui convenait particulièrement à sa carrure, à sa force, et il s'était lui-même aperçu qu'il était satisfait du poids et de l'équilibre de l'arme. Il avait rapidement chopé "le truc".

Après l'assaut du campement orc dans le désert de cendres, où les Marchebruine avaient sauvé quatre compagnons de la mort ou de l'esclavage, Willen avait fini de se convaincre. C'était son arme, et il ne se ménagerait pas en entraînements musclés pour la maîtriser.

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